L’obésité très sévère de classe 3 (indice de masse corporelle [IMC] ≥ 40 kg/m2), anciennement appelée « obésité morbide », est un problème majeur de santé publique qui concerne 550 000 patients en France.
La prévalence de l’obésité morbide est passée de 0,3%(±0,1%) de la population en1997 à 1,2%(±0,1%) en 2012 selon les données de l’étude ObEpi. Pour ce type de patient, le traitement le plus efficace à long terme, reconnu par les sociétés savantes, est la chirurgie bariatrique.
Cela a été confirmé par l’étude suédoise SOS qui comparait chez plus de 4 000 patients les résultats d’une prise en charge médicale optimale, à ceux d’une prise en charge chirurgicale.
Il était démontré qu’après un suivi de plus de 10 ans, le poids n’avait pas varié dans le groupe «médical », alors qu’il avait significativement baissé (16 %) dans le groupe « chirurgie ». De plus, la chirurgie améliorait l’ensemble des comorbidités associées à l’obésité, la qualité de vie et surtout l’espérance de vie, avec une diminution de la mortalité globale de 40 %.
La chirurgie est l’outil thérapeutique le plus efficace, cependant ce n’est pas un traitement « miracle » ; il doit s’inscrire dans une stratégie cohérente, seulement après échec d’une prise en
charge médicale multidisciplinaire d’au moins 6 mois. Les indications chirurgicales suivent les recommandations de la Haute Autorité de santé: âge supérieur ou égal à 18 ans et inférieur ou égal à 60 ans; IMC≥40 kg/m2 ou, ≥35 kg/m2 associé à une ou plusieurs comorbidités (hypertension artérielle, diabète de type 2, dyslipidémie, syndrome d’apnées du sommeil, arthropathie symptomatique).
La chirurgie a pour but de modifier la physiologie du système digestif en changeant son anatomie par des moyens mécaniques et métaboliques selon deux grands principes :
- diminuer et limiter la quantité d’aliments ingérés, c’est le principe de restriction,
- diminuer et modifier l’absorption intestinale des aliments par l’organisme, c’est le principe de malabsorption. Les techniques dites « restrictives » regroupent l’anneau gastrique et la « sleeve » gastrectomie, alors qu’on classe dans les techniques « mixtes » (restriction + malabsorption), le Bypass gastrique en Y et le mini-bypass (ou bypass gastrique en oméga).
Le suivi après chirurgie doit être pluridisciplinaire et « à vie », basé principalement sur la diététique, la nutrition, le soutien psychologique et l’activité physique.
Matthieu Bruzzi, chirurgien digestif à la Clinique Paris-Bercy