L’expérience de nos patients à l’honneur

Ce nouvel espace de notre site va s’enrichir régulièrement de nouveaux témoignages de patients ayant réalisés un parcours au sein de notre service IONA

Nous espérons qu’ils vous permettront de mesurer l’engagement et les bouleversements associés à une chirurgie de l’obésité.

Une super mamie

Cela fait quelques mois que nous n’avions plus échangé avec Adèle. Elle reprend contact avec l’ensemble de l’équipe pour poursuivre son suivi. Elle affiche fièrement une perte de poids de 15 kg depuis sa pose d’un anneau en mars 2022.

Qu’est-ce qui vous a décidée à réaliser cette intervention ? 

Il y a 6 ans, j’ai perdu mon mari. Cette période a été très longue et très douloureuse. J’ai entamé une psychothérapie de deux ans et à l’issue de la première année, j’ai démissionné de mon travail (deux ans avant ma retraite) ! Un excellent choix… C’est à cette période que mon médecin traitant m’a recommandé la pose d’un anneau. Ça ne me serait pas venu à l’esprit. Je n’avais même pas réalisé ma prise de 25 kg depuis le décès de mon mari.

Pourquoi le parcours a-t-il été important pour vous ? 

Pour ne rien vous cacher, je n’ai pas vraiment compris le sens d’un « parcours » pour se préparer à un anneau. J’ai malgré tout accepté de me laisser porter par les consultations chez la psychologue, la diététicienne et la kinésithérapeute et c’est finalement juste avant mon intervention que j’ai réalisé l’enjeu du suivi dans le maintien des résultats. Je continue la kiné deux fois par semaine, c’est en même temps un moment de bonheur et de torture… (rire) Parfois, j’ai mal pendant trois jours à la suite des séances ! Mais c’est une douleur heureuse qui me fait du bien.

Comment a réagi votre entourage ? 

Mes enfants avaient peur quand ils ont appris que j’allais poser un anneau. Ils craignaient que je devienne ridée comme une vielle pomme. Je ne leur disais pas, mais moi aussi j’avais cette peur… Leurs craintes se sont vites évaporées et mes petites filles me disent toujours que je suis la plus belle des mamies.

Qu’est-ce que l’intervention a changé pour vous ? 

Il me reste peut-être 10 kg à perdre, mais aujourd’hui c’est le jour et la nuit. Je voulais perdre mon poids doucement et l’anneau me permet complètement de contrôler cette perte de poids. A mon âge, je n’ai pas besoin d’être mince. J’ai été mince toute ma vie ! Aujourd’hui, je veux simplement me sentir bien dans mon corps.

Cette intervention a agi comme une libération. A partir de ce moment, tout ce que j’ai mis en place, c’était pour aller mieux. J’ai repris le sport, je marche beaucoup et juste pour le plaisir, alors qu’avant je ne sortais pas sans un objectif bien défini.

Je ne souffre pas de vomissement. J’ai resserré mon anneau une seule fois en septembre et je ne ressens pas le besoin de le resserrer à nouveau car j’aime que ma perte de poids soit progressive.

J’ai même repris une activité professionnelle, j’accompagne des enfants en situation de handicap dans leur centre éducatif. Je sens que je participe à leur donner le sourire dès le matin, et ça me fait du bien ! On m’a toujours tendu la main alors je suis heureuse quand je peux renvoyer la pareille.

Publié par Marie Piveteau le 16/12/22

C’est aujourd’hui que le travail commence

Racha a perdu 45 kg à la suite d’une sleeve réalisée il y a deux ans. Elle a rendez-vous avec la diététicienne, qui la suit assidument depuis son intervention. Malgré cette perte de poids importante, la jeune femme de 23 ans a conscience que c’est aujourd’hui que le travail commence vraiment. Elle nous partage son expérience.

Qu’est ce qui a été un déclic pour réaliser cette intervention ?

J’ai voulu réaliser un dernier régime. J’avais encore l’espoir d’échapper à cette intervention. Il m’a fallu du courage pour écouter les conseils de mon médecin généraliste qui, à la suite d’une énième reprise de poids, m’a conseillé de me rapprocher de votre service.

Qu’est ce qui a été important lors de votre parcours ? 

J’ai aimé avoir eu le temps de m’y préparer pour anticiper la suite. Je suis partie 6 mois au Liban à la suite du confinement. Ce temps m’a permis d’acter mon engagement qui a toujours été très personnel. C’est vrai que ma famille, mes parents mes oncles et ma grand-mère, ont toujours voulu que je perde du poids, mais je devais le faire seule. La chirurgie n’était qu’une solution de facilité pour eux. Finalement, quand j’ai pris conscience qu’ils ne seraient jamais satisfaits, je me suis sentie soulagée et j’ai pu débuter ce parcours. C’est donc sans surprise qu’après m’avoir toujours fait ressentir mon surpoids, ils me considèrent aujourd’hui trop maigre…

Comment vivez-vous cette chirurgie aujourd’hui ? 

Je suis fière, j’ai toujours sur moi des photos avant/après. Je ne me suis pas vu perdre les 20 premiers kg. C’est vrai que je ne me suis jamais vraiment regardée. Aujourd’hui, je dirais que je suis passée de l’indifférence au contrôle de mon corps. Je suis à l’écoute de tout, je viens de réaliser une opération laser pour mes yeux, j’ai retiré mes bagues dentaires, deux dents de sagesse viennent d’être arrachées, j’ai refait des couronnes, je prends aussi soin de mes cheveux et de ma peau… Le revers de la médaille, c’est qu’aujourd’hui, je suis tellement à l’écoute de mon corps que je le sens très lourd. Finalement beaucoup plus lourd qu’avec mes 45 kg en plus. Je ressens des ballonnements quotidiens, mon ventre se gonfle et ça me fait très peur. C’est perturbant, je n’aurais jamais imaginé perdre ce poids un jour. Maintenant que ce rêve est exhaussé j’ai l’impression que je me déteste toujours autant. Je n’avais pas anticipé ces difficultés.

Comment expliquez-vous ces difficultés ? 

Elles sont probablement liées à ma frayeur d’avoir fait cette chirurgie pour rien. Par exemple, j’ai repris 2 kg depuis mars. On m’a pourtant bien expliqué que c’était un rebond normal et que j’entamais ma phase de stabilisation. Malgré tout, je ne peux pas m’empêcher d’imaginer que je vais reprendre tout le poids perdu. Et puis, je ne peux pas cacher qu’il est parfois tentant d’oublier que l’on a fait une intervention, et que l’on peut manger tout et n’importe quoi… Concernant mes ballonnements, ils existaient peut-être avant ma chirurgie. N’étant pas à l’écoute de mon corps, ils ont très bien pu passer inaperçu. Aujourd’hui, je veux comprendre, et je n’exclus pas une piste psychologique. Par exemple, je m’interroge sur l’impact qu’a ma famille à douter de ma capacité à stabiliser mon poids, et même à ce que je reprenne tout d’ici cinq ans. Malgré leur bonne volonté ils ne m’ont jamais vraiment aidée.

Publié par Marie Piveteau le 9/11/22

C’est comme si jamais eu plusieurs vies

La jeune Julie passe une tête dans notre bureau et nous salue. Cela ne fait aucun doute, nous devrions la reconnaitre… Trop tard, la voilà partie, puis finalement, elle revient se présenter. C’est joyeusement qu’elle a compris qu’au vu de sa transformation, nous en avions besoin. Un an après son intervention, elle passe la journée dans notre service afin de rencontrer toute l’équipe.

Qu’est ce qui a été un déclic pour réaliser cette intervention ?

 Je ne sais pas comment le dire, mais avant la chirurgie, ma vie était d’une banalité ! Le matin, je me levais, j’allais au travail. Tout était pareil et il me semble que je n’étais pas vraiment moi. Je faisais semblant d’être une autre personne pour être appréciée. Si je dois être honnête, je considérais, à cette période, la chirurgie comme mon espoir d’être un jour aimée d’un homme… C’est drôle, avant l’intervention je me sentais obligée d’être très coquette, je faisais attention à mon maquillage, mes cheveux, mes vêtements. Aujourd’hui, comme vous me voyez là, je n’ai plus rien à prouver aux autres, je n’ai plus besoin de me sentir « validée » et, être en couple, est loin d’être ma priorité. J’ai compris que ce n’est pas un changement physique qui allait résoudre ma dépendance émotionnelle mais que cette évolution, je devais l’entreprendre de l’intérieur.

Pourriez-vous me décrire votre parcours ?

Mon premier déclic est venu quand nous avons discuté avec des femmes déjà opérées. A ce moment, j’ai vu que les gens avaient maigri mais qu’ils n’étaient pas aussi bien qu’ils l’avaient espéré. Dans le même temps, les consultations avec la psychologue m’ont fait un bien fou. J’ai, pour la première fois, abordé mes traumatismes d’enfance. Ça m’a fait beaucoup pleurer sur le moment mais, maintenant, j’arrive à voir les choses différemment. J’ai pris conscience que je réglais tous mes problèmes avec la nourriture et que la chirurgie n’y changerait rien. Un des signes qui me montre que j’ai fait du chemin c’est que je parviens à être plus empathique avec mes parents, et même avec ma mère ! Avant, je lui en voulais beaucoup mais aujourd’hui, je ne perds plus mon énergie à ça. Je préfère l’utiliser pour la réalisation de mes projets. En ce moment, je suis focus pour prendre mon indépendance !

Qu’est ce que la chirurgie à changer pour vous ?

Mon corps à beaucoup changer bien sûr, mais surtout, je me sens plus forte. J’ai envie d’apprendre. Je lis des livres par exemple, alors qu’avant je ne le faisais pas. Je me rends compte que j’ai perdu 10 ans de vie à être obsédée par la perte de poids. Désormais, j’ai faim d’apprendre. J’ai envie de rattraper le temps avec des expositions, des discussions plus profondes. Je veux sortir de la superficialité pour me consacrer à des choses qui comptent.

Qu’est ce qui a été le plus difficile ?

Sans aucun doute, la perte de mes cheveux entre le troisième et le sixième ou septième mois. Je ne vais pas me plaindre, j’aime ma nouvelle coupe, mais avant mes longs cheveux faisaient ma fierté ! Surtout lorsque l’on est une femme noire et que l’on a passé sa vie à en prendre soin. Mon afro était magnifique… Il faut que je vous montre. J’ai finalement décidé de me raser les cheveux, ça me tentait et c’était l’occasion de rendre ma transformation complète.

Publié par Marie Piveteau le 29/09/22

Histoire d’un fonceur

C’est en jean, basket et sweat floqué d’une marque tendance détonnant avec son attaché-case que je retrouve un Brahim athlétique et souriant. Je ne résiste pas à l’envie de lui rappeler la palme qu’il a décrochée avec ses 139 apnées par heure de sommeil que nous lui avions diagnostiquées avant sa chirurgie. Depuis il a perdu 60 kg et c’est avec malice qu’il me confirme ne pas savoir faire les choses à moitié.

Quest ce qui a été à lorigine de la prise de poids ?

A 16 ans, j’ai fait partie de l’équipe de France de Judo. En sport étude, j’enchainais tous les jours les entraînements intensifs. C’est avec les études de commerce à Marseille que j’ai lâché progressivement l’intensité du sport. J’ai commencé à sortir, à boire, à manger… Dans le Sud, vous imaginez ce que ça peut être. La prise de poids s’est faite progressivement et s’est accélérée avec mes différentes activités professionnelles aux quatre coins du monde. Etats-Unis, Angleterre, Thaïlande, Mexique… A ce style de vie décousu, ajoutez en toile de fond un côté bon vivant et les très bons restaurants où j’ai eu l’occasion d’aller… Vous obtiendrez une énième grosse frayeur pour ma santé qui m’a permis d’entreprendre seul une perte de poids de 55 kg en 1 an. C’est à la suite de mon divorce que j’ai repris du poids, je me suis remis en mode voyages et fêtes, sans aucun objectif sportif et sans me préoccuper de ma santé. J’ai rencontré ma compagne actuelle qui me disait, déjà à l’époque que j’étais une vraie tornade. Le confinement a fini de m’achever, j’ai compensé le manque d’activité par une alimentation plus copieuse.

Quest ce qui a été le déclic pour réaliser cette intervention ?

En janvier 2021, je ne me sentais pas bien du tout, je dormais mal, je ronflais énormément et j’avais des maux de tête en permanence. Quand je suis venu faire un test d’apnée du sommeil, je suis tombé sur vous. Vous m’avez alors renseigné sur le parcours que j’ai souhaité commencer.

Quest ce qui a changé pour vous depuis la chirurgie ?

Tout a changé, j’ai adopté un chien ! Carlita, c’est un Carlin adorable. Depuis mon intervention, nous ne marchons jamais moins de 10.000 pas par jour. Je reprends le plaisir de la course à pied et du vélo en extérieur. Ma famille est très heureuse pour moi. Le plus compliqué c’est l’impact sur ma vie de couple… Ma femme qui n’était pas jalouse malgré mes déplacements professionnels répétés, a bien changé depuis ma perte de poids. Je peux comprendre, c’est vrai que depuis mon intervention les « t’es beau gosse ! » fusent. Au début, bien entendu, ça lui faisait plaisir. Mais le fait que je semble rajeunir alors qu’elle se sent suivre une autre courbe, lui fait craindre que nos chemins se croisent. Elle me dit également que j’ai changé de caractère, et c’est vrai, ma confiance en moi s’est décuplée. J’ai l’impression que rien ne peut m’arrêter et ma femme, elle, ne m’a jamais connu comme ça. Cette situation nous use. Par moment, c’est moi que ça énerve. Parfois j’ai envie de lui dire : « J’ai fait cette intervention pour nous, pour toi et maintenant ça te saoule… Moi je me suis donné à fond, j’ai morflé, je ne vais pas me brider pour toi ! Cette deuxième vie je veux la vivre avec toi ». Nous nous y étions préparé, mais je crois que je n’avais pas imaginé que ce soit si compliqué.

Publié par Marie Piveteau le 26/08/22

L’humour contre l’adversité

Caroline a toujours le mot pour rire. En rentrant dans mon bureau, elle remarque une photo de Thomas Pesquet et me confie qu’elle aime à rappeler à son fils de 21 ans qu’il aurait dû être son père ! Au retour de cette rêverie, l’heure du bilan. Un an presque jour pour jour après sa sleeve, elle est à moins 30 kg.

Vous souvenez-vous de ce qui a provoqué votre prise de poids ?

J’ai grandi au Salvador au sein d’une famille franco-salvadorienne. Jusqu’à mes 29 ans, je n’ai jamais connu de problème de poids. Au cinquième mois de ma deuxième grossesse, à la suite de ma séparation, je suis venue m’installer en France. Je ne me voyais pas élever des enfants seule en Amérique centrale en pleine guerre civile. J’ai d’abord été accueillie chez la sœur de mon père puis je me suis installée dans le Val-de-Marne que je n’ai plus quittée depuis 20 ans. Ce changement de vie, l’asthme sévère de mon fils et nos petits moyens faisaient que je mangeais toujours les mêmes gâteaux, toujours les mêmes pâtes… Avec du recul, les quatre premières années en France ont été très difficiles. De cette période, il m’est resté de manger n’importe quoi, n’importe quand.

Qu’est ce qui a participé à votre choix de chirurgie ?

Une prise de conscience, en 2014, m’a conduite à débuter un suivi avec un nutritionniste tout en me prenant de passion pour la natation, peut-être un peu grâce au prof… (sourire). J’ai perdu 25 kg en un an ! Tout allait très bien, j’ai même rencontré mon compagnon actuel. En 2015, à la suite du diagnostic de mon endométriose, j’ai repris tout le poids perdu en deux ans tout en continuant le sport. A 97 kg, l’intervention n’était toujours pas envisageable. Ce qui a fini par me convaincre, c’est une chute à la Gare du Nord qui m’a fracturé une cheville. Je ne parvenais même plus à soulever mon poids pour rentrer chez moi.

Quelle est votre stratégie pour stabiliser le résultat de cette chirurgie ?

Je mise sur le suivi, notamment diététique, et le sport bien sûr ! Vous m’aviez dit de ralentir un peu sur le vélo d’appartement alors je n’en fais plus tous les jours… Et puis, en plus de descendre avant mon arrêt pour marcher davantage, je vais reprendre la natation ce soir ! C’est vraiment super, la piscine de Maison Alfort fait des nocturnes jusqu’à 21 heures.

Qu’est ce qui peut être difficile pour vous aujourd’hui ?

Mon compagnon ne comprend pas pourquoi je dois faire des collations et me dit que je suis un « estomac sur pattes ». C’est peut-être pour rire, mais ça me fait du mal. Il ne se rend pas compte que mes petits repas ne me suffisent pas, et que parfois, j’ai aussi le droit de me faire plaisir ! Il veut bien faire, mais je me sens surveillée. Ça ne m’aide pas. Je pense que je vais en discuter avec lui, il comprendra.

Auriez-vous un conseil à partager ?

Avant mon intervention, je me suis abonnée à des comptes Instagram et j’ai adoré certains témoignages. Parfois, ils m’ont inspiré des questions aux professionnels. J’ai compris qu’il n’y avait pas de sujet tabou avec l’équipe et que tout était transparent. Je n’ai donc eu aucune surprise après l’intervention.

Publié par Marie Piveteau le 21/06/22

Je me sens Grateful

Même masquée, ses grands yeux bleus et son bel accent me permettent de reconnaître Nancy avec ses 40 kg en moins, suite à une sleeve en novembre 2020. Croc top assorti à ses yeux, jean noir taille haute, tatouage sur l’avant-bras gauche, basquets blanches, le look de la jeune adulte bien dans ses pompes est maîtrisé.  Nancy est là pour aider à traduire nos échanges avec sa maman qui finalise un parcours la menant, elle aussi, à une chirurgie bariatrique. Elle accepte de rester un peu plus longtemps avec moi pendant que sa maman se prépare à un examen.

Qu’est-ce qui vous a décidé à réaliser cette chirurgie ?

Dès l’âge de 5 ans, j’ai eu des problèmes de poids, je mangeais beaucoup et je ne parvenais pas à me réguler. Cette habitude est restée, j’ai continué à aimer les fast-foods et le sucre. A 19 ans, j’ai quitté l’Egypte pour étudier dans une école de mode à Paris. Les gens n’acceptaient pas mes 100 kg. Il m’est même arrivé d’entendre : « T’es moche comme ça. » Le regard des autres était évidemment très dur. Sans parler qu’avec mon asthme il me fallait seulement 5 minutes de marche pour être essoufflée. Faire du sport était simplement impensable.

Qu’est-ce que la chirurgie a changé pour vous ?

Aujourd’hui j’ai bien changé ! J’aime les fruits et les légumes, quand je sors avec mes amis, une salade me fait plaisir. Ils se moquent un peu de moi, me trouvent bizarre et me disent même que je suis trop « healthy » mais moi je suis bien comme ça. Je fais 4 à 5 fois du sport par semaine. Avec mon coach, nous mettons en place une hygiène de vie assez stricte en lien avec mes objectifs sportifs. Ce que j’adore c’est que lorsque je ne me sens pas bien, je ne mange plus mais je vais faire du sport pour me défouler. Le sport est devenu pour moi un vrai plaisir, tout comme m’habiller ! D’ailleurs, dans la collection de robes de soirée que je m’apprête à lancer, il y a des petites tailles mais je n’oublie pas les grandes tailles. En août, je suis trop contente, je fais un shooting photo avec une mannequin grande taille. J’ai envie de dire aux gens : Il faut nous aimer comme ça ! Si vous ne voulez pas changer, c’est OK, je vais vous proposer quelque chose pour vous sentir belle et si vous voulez changer,  allez let’s go, one life ! Tu peux aussi changer.

Qu’est ce qui a été le plus déroutant ?

Les garçons me draguent ! (Rire) Il y a deux garçons qui s’intéressent vraiment à moi… Je ne comprends pas ce qui se passe, avant j’étais invisible ! C’est drôle mais je profite. C’est marrant, les gens ne jugent que sur le physique. Je fais quand même attention à ce qu’ils soient aussi attachés à ma personnalité. Je ne veux pas qu’un jour, si je redeviens grosse, qu’on me quitte.

Auriez-vous un conseil à transmettre ?

Je ne sais pas si j’ai un conseil mais ce qui est sûr c’est que je vais faire attention pour mes enfants. Je veux leur apprendre à bien manger et à aimer le sport.

Publié par Marie Piveteau le 13/06/22

La perte de poids ne résout pas les problèmes

Chaïma a réalisé une sleeve en 2015, ce qui lui a permis de passer de 110 à 70 kg. Nous l’avons rencontré en 2020 suite à une reprise de poids de 20 kg. Elle souhaitait à cette époque réaliser un bypass qui a été rendu possible à l’issue d’un parcours de 6 mois. Après avoir retrouvé son poids de forme de 75 kg, elle se confronte de nouveau à une reprise de poids, de 7 kg. Cela la motive à reprendre son suivi afin se réapproprier une alimentation saine.

Qu’est-ce qui a été un déclic pour réaliser une deuxième intervention? 

Ma sleeve ne m’a pas empêché, quelques années plus tard, de me réfugier, non pas dans les bras de mon mari, mais bien dans la nourriture. Avant le bypass, mon premier travail a été de prendre conscience de l’importance que représentait mes troubles alimentaires. Mon besoin de tout réussir et de tout gérer, sans laisser aux autres la possibilité de m’aider à réveiller des pulsions alimentaires qui me semblaient être mon seul refuge… J’ai réussi mes études, obtenu un travail qui me plaît, réalisé une sleeve qui a été une réussite, organisé un beau mariage et débuté une première grossesse. Mais lorsque que j’ai vécu une seconde grossesse – qui était une surprise -, le vase a débordé et tout a explosé !

En quoi votre deuxième intervention est-elle différente de la première ?

Les raisons de cette deuxième intervention sont différentes de la première. Ce n’était plus pour gagner en confiance en moi mais pour me retrouver après ma période de dépression. L’accompagnement au sein de IONA, où tous les professionnels sont centralisés au même endroit, m’a rassuré. Le post-opératoire a été super. Je n’ai pas eu de douleurs et j’ai pu remarcher immédiatement. Ma perte de poids, elle, a été beaucoup plus lente que lors de ma première intervention. C’est comme si mon corps avait plus de résistance au changement. Aujourd’hui, je suis inquiète car depuis quelques mois, j’ai repris 7 kg. Je fais le constat que je dois, une nouvelle fois, travailler sur mes troubles alimentaires qui m’invitent encore à grignoter quand ça ne va pas dans ma tête. J’ai toujours tendance à préserver les autres en cachant ma nervosité, mes pleurs…  Le sport m’aide à me défouler mais lorsque je n’ai pas le temps, je retombe dans mes travers : le grignotage.

Quels conseils pourriez-vous transmettre à un patient qui souhaiterait se faire opérer ?

Avant de faire une intervention, il faut être bien dans sa tête ! Je pense que si j’avais mis un peu d’ordre dans ma vie et posé certains mots sur ma situation et mes frustrations, je ne reprendrais peut-être pas de poids aujourd’hui.  Sans oublier que la perte de poids ne résout pas les problèmes. J’avais l’impression que lorsque mon corps aurait maigri, j’allais me sentir mieux. Après deux interventions, j’ai compris que ça ne fonctionnait pas comme ça.

Publié par Marie Piveteau le 9/05/22

Mon mari, lui, aime les formes. Il aurait aimé que je me stabilise à 85 kg…

C’est dans la continuité de son suivi, trois ans après sa sleeve, que je revois Nabila lors d’une journée d’examens. Depuis qu’elle a perdu 40 kg, je la vois porter des couleurs vives. Aujourd’hui ne fait pas exception. C’est avec un cardigan rouge vif qu’elle entre dans mon bureau. A cette occasion, j’apprends qu’elle a réalisé une abdominoplastie six mois plus tôt.

Quel a été le déclic pour réaliser cette intervention ? 

Je crois que j’ai fait tous les régimes possibles : Nutritionnistes, Weight Watchers, Dukan, et pleins d’autres sur différents sites… J’ai perdu beaucoup de poids mais à chaque fois, je reprenais le double. J’ai ressenti que j’avais besoin de soutien pour équilibrer mon diabète même si au début, je ne voulais pas faire de chirurgie. Je n’arrivais plus à respirer ni à marcher. Je crois que j’avais même honte de moi. D’ailleurs, je ne m’habillais plus qu’en noir… Alors, j’ai fini par considérer la chirurgie comme une option.

Comment votre perte de poids a-t-elle changé votre quotidien ? 

Je me sens plus légère, j’ai plus de facilité à marcher, à bouger, ce n’est plus comme avant où j’étais essoufflée rien qu’à monter dans la voiture. En plus de ne plus avoir de diabète, je peux aujourd’hui bénéficier d’une chirurgie du dos qui était impossible avec mes kilos en trop.

Mon mari, lui, aime les formes. Il aurait aimé que je me stabilise à 85 kg. Il n’aime pas les femmes maigres. Enfin, je ne peux pas me permettre de regrossir pour quelqu’un. Donc je lui ai dit : « Si ça ne te va pas, va voir une autre ! » Pour ma santé, mon dos, je ne peux pas redevenir celle que j’étais avant.

Mes enfants, eux, surtout le grand, me disent que je suis mieux comme ça, « on dirait une petite jeune ». Si je m’habille en jean-basquet et veste en cuir, je peux presque passer pour la grande sœur (rire).

En revanche, même si je m’y attendais, la peau qui tombe est gênante. Après mon abdominoplastie je souhaite refaire ma poitrine. Elle tombe et je ne me sens pas bien. Avant l’intervention, je n’avais pas de problème à ce niveau. Je ne suis pas surprise, je m’y étais préparée.

Quels conseils pourriez-vous partager à de futurs patients ? 

Quand on a des enfants, il faut quand même être bien organisé. J’ai cinq enfants et ils sont tous très bien organisés. Ils m’aident beaucoup car après la sleeve, ce n’est pas facile. Hier encore, mon fils aîné de 21 ans a fait le ménage de fond en comble dans la maison !

Le suivi régulier est aussi important. Moi, j’aime tout dire, même quand ça ne va pas. Il ne faut pas mentir. Je connais quelqu’un – qui a été opéré deux ans avant moi – qui ment à sa diététicienne… Elle n’ose pas tout dire. Je vois bien qu’elle commence à grignoter et à boire du Coca. Sa reprise de poids me rappelle que rien n’est acquis.

 

Publié par Marie Piveteau le 11/04/22

Mon autre plaisir, c’est aussi de pouvoir taper un foot avec mes gamins!

Vincent, me fait signe dans le couloir. Son air familier, sa physionomie et son allure décontractée m’indiquent que c’est encore un de nos patients que j’ai du mal à reconnaître à la suite de sa perte de poids. Ravi, il vient d’apprendre qu’il n’a plus besoin de son appareil d’apnée du sommeil. C’est avec cette énergie qu’il m’accorde quelques minutes pour que nous échangions sur son parcours. Depuis juillet 2021, il a perdu 50 kg.

Quel a été le déclic pour réaliser cette intervention ? 

Je n’ai pas toujours eu des problèmes de poids. En 2005, la veille du premier Noël de mon fils, mon père est décédé. La nourriture a été mon refuge. J’ai perdu le contrôle je me suis abandonné dedans. Je crois que ça me soulageait de manger énormément pendant le repas. Et puis ma femme a eu deux nouvelles grossesses et je l’ai accompagné dans sa prise de poids. Sauf que moi, je n’ai pas perdu mon poids de grossesse. (Sourire)

Qu’est-ce que la chirurgie a changé pour vous ? 

Avant l’intervention, je n’avais plus de satiété, je ne parvenais plus à me réguler. Finalement, je mangeais jusqu’à ne plus pouvoir bouger. Pour dire vrai, j’étais persuadé que la chirurgie ne me suffirait pas. En réalité c’était tout l’inverse, j’ai même connu une période où j’ai eu l’impression qu’une partie de mes plaisirs était partie avec mon estomac. Ça me faisait chier que mes goûts aient à ce point changé : j’adorais le poisson et je n’aimais plus la charcuterie ! Maintenant j’en suis super content, je me concentre sur la qualité, je préfère que mon repas soit petit et très bon que l’inverse. Je reste conscient de mon risque de rechute et je continue de faire très attention à mes quantités. Ma surprise c’est qu’avant l’intervention, je n’aimais pas le sucre, et aujourd’hui un bonbon, ça me fait plaisir. Mon autre plaisir, c’est aussi de pouvoir taper un foot avec mes gamins sans être essoufflé comme un bœuf au bout de 10 minutes !

Auriez-vous un conseil pour de futur patients ? 

Être indulgent avec la famille. La mienne a du mal à réduire les quantités quand elle me reçoit. En même temps, 15 ans d’habitudes ne se changent pas comme ça ! Aussi, être indulgent avec l’entourage qui est très impressionné par la perte de poids. Certains ont même cru que j’avais chopé une maladie, Je comprends moi-même, je pense que j’aurais pu me le dire.

 

Publié par Marie Piveteau le 11/04/22

A 50 ans, c’est enfin « moi d’abord » !

Carolina patiente dans la salle d’attente de son chirurgien. Elle me demande si j’ai 5 minutes pour me donner de ses nouvelles. Elle rayonne, ouvre son manteau, soulève légèrement son masque pour me communiquer son sourire. La transformation est bluffante. Elle est ravie et m’apprend qu’elle va bientôt réaliser une chirurgie réparatrice, un an après sa sleeve et 40 kg en moins.

Qu’est-ce qui a été un déclic pour réaliser votre intervention ?

Il y a eu mes trois grossesses, puis la ménopause… Mon hypertension artérielle, une hernie discale et mes apnées du sommeil n’ont pas été suffisantes pour m’alerter. C’est lorsque je suis montée sur la balance que j’ai ressenti un choc.

Comment la chirurgie a-t-elle changé votre quotidien?

C’est vrai que mon mari ne me regardait plus avant l’intervention. Ma prise de poids avait créé de la distance entre nous. Peut-être aussi car je n’étais pas très agréable non plus. Pour tout vous dire, nous nous sommes engueulés sur le chemin de la clinique le jour de mon intervention, et il n’est pas venu me chercher le lendemain comme prévu…

Aujourd’hui, ça a bien changé, il m’accompagne même à mes rendez-vous avec les chirurgiens. Nous nous retrouvons, en quelque sorte. Nous avons même débuté une thérapie de couple. La réalité est plus nuancée, mais j’avais quand même le besoin de lui dire que je ne suis pas qu’un corps dont on se détourne lorsqu’il n’est plus dans une certaine norme, et qu’on regarde et aime plus lorsqu’il se transforme. J’ai aussi quelque chose dans la tête.

A 50 ans, c’est enfin « moi d’abord » ! L’autre jour, je me suis amusée à envoyer à mon mari une photo de moi dans une robe noire, courte et échancrée. J’ai laissé planner le doute sur le fait que je la porterai lors d’une prochaine soirée. Sa réponse, un peu jalouse, n’a pas tardée ! (Rire) Pour mes enfants, ça peut générer des craintes. Ils ont du mal à comprendre mon besoin de retrouver ma féminité. Mon fils me dit que je vais partir avec « un petit jeune ». Ce n’est pas du tout mon souhait, ils le comprendront un jour.

Cette nouvelle confiance m’aide aussi à ne plus m’emmerder avec les gens qui m’indisposent. Seuls les gens que j’aime sont maintenant invités chez nous. Je suis bien et je ne veux que passer de bons moments !

Auriez-vous un conseil pour des personnes allant réaliser une intervention? 

Prenez des photos de vous ! Moi je me détestais, il n’y avait même plus de miroir chez moi, et il était hors de question que l’on me prenne en photo. Me prendre en photo régulièrement, même si ce n’est pas agréable, m’a permis de prendre conscience de ma perte de poids.

 

Publié par Marie Piveteau le 8/04/22

Mes enfants m’appellent Superwoman !

C’est lors d’une journée de bilan médical, un an après son intervention, que je revois Alya. Je suis frappée par mon incapacité à reconnaître cette grande brune au regard pétillant. Lorsque je lui fais part de ma confusion, elle rit et n’est pas étonnée. Ses 42 kg perdus depuis mai 2021 n’y sont pas pour rien. A l’issue de notre entretien, je ne résiste pas à l’envie de lui proposer un portrait. Après une demi-seconde d’hésitation, Alya accepte ; elle n’est pas du genre à reculer.

Quel a été votre déclic pour réaliser une sleeve-gastrectomie ? 

En cinq ans, je suis passée de 70 kg à 114 kg. Les médecins m’ont dit que cette prise de poids était due à un dérèglement hormonal à la suite d’une de mes quatre grossesses. En 2020, je n’en pouvais plus ! J’ai voulu reprendre le contrôle J’ai fait du sport intensif pendant six mois, au moins 10 h par semaine. Malgré mes efforts, j’avais encore pris 15 kg… Je suis devenue désagréable. Au travail, je n’avais plus la pêche, je pense même qu’à la maison, j’étais devenue aigrie. Mais après ma sleeve, au-delà de ne plus souffrir d’apnée du sommeil, je suis redevenue celle que j’étais avant : pêchue et sportive. Mes amies m’ont même fait une place dans leur équipe de basket. Les deux entraînements par semaine et nos matchs le week-end participent vraiment à mon épanouissement !

Comment le parcours préopératoire vous a-t-il aidée ?

Aujourd’hui, je comprends pourquoi c’est une obligation de se préparer au minimum six mois avant l’intervention. Par exemple, je participe à plusieurs groupes de discussion sur les réseaux sociaux et je constate que les pertes de poids peuvent être très difficiles à vivre. Parfois même, le plus dur pour les filles que je suis, c’est de voir leur corps se transformer et ne pas l’accepter. Je suis heureuse d’avoir pu prendre conscience de ces difficultés avant l’intervention pour mieux les appréhender au jour le jour.

Qu’est-ce que la perte de poids a changé pour vous et votre entourage ? 

Je me suis retrouvée. C’est un épanouissement total. Je me plais de nouveau. Je le vois dans les yeux de mon mari et ceux de mes enfants avec qui, de nouveau, jouer dans une piscine à balles ou sur un toboggan n’est plus un problème. Ma mère, elle qui est d’une autre génération, n’a pas réussi à accepter ma chirurgie ; à l’inverse de mes sœurs. Mais je la comprends et j’évite d’en parler en sa présence.

Finalement, le plus difficile a été de voir le regard de mes collègues changer. Ils ne m’avaient pas vue depuis deux ans avec le Covid et ils m’ont retrouvé affutée ! (Rires) Certains d’entre eux ne m’adressaient plus la parole avant l’intervention, mais aujourd’hui, ils me regardent et me sourient.

Cela m’a fait très mal de comprendre que l’apparence avait une place si importante et que j’en avais fait les frais. Aujourd’hui encore, je me demande si l’on me juge positivement pour mes compétences ou pour mon nouveau physique « avantageux ». Quand j’étais « grosse », je n’ai eu aucune revalorisation salariale. La grossophobie ambiante dont j’ai pris conscience après l’intervention me permet, aujourd’hui, de mieux juger mon entourage. Je n’hésite plus à leur mettre des barrières lorsque cela me semble nécessaire.

 

Publié par Marie Piveteau le 10/03/22

La perte de poids est un combat

Béatrice passe une tête dans mon bureau pour me donner de ses nouvelles. Elle rayonne dans son gilet jaune et ses baskets acidulées. Depuis sa sleeve, qui date d’avril 2021, elle a déjà perdu 40 kg. C’est avec plaisir que je l’invite à me raconter son parcours.

Pourriez-vous me rappeler ce qui a provoqué votre prise de poids ?

Je ne me suis pas du tout vu prendre du poids, tout est allé très vite. Je n’avais pas imaginé qu’une quatrième grossesse surprise, qu’il a fallu accueillir et qu’une chute dans les escaliers m’empêchant de faire de l’activité physique suffiraient à me faire prendre du poids jusqu’à 120 kg. Mais tout ne se résume pas à ça… Je l’ai compris par la suite.

Comment l’équipe médicale vous a-t-elle soutenue lors de votre cheminement vers une chirurgie bariatrique ?

Les choses sont toujours plus complexes qu’il n’y paraît. J’ai eu la possibilité de poser un regard différent sur moi. J’ai pu prendre conscience que l’alimentation était mon refuge. Et même que ma prise de poids me protégeait du regard de l’autre, comme un moyen de devenir invisible. L’équipe m’a permis de ne pas me focaliser sur ma perte de poids, qui était une obsession, et m’a permis de me tourner vers cet ensemble.

Qu’est-ce que ce parcours a changé pour vous ?

Je me suis découverte. Je profite de mes enfants comme je ne l’ai jamais fait ! Le mercredi, nous allons au parc. Le mardi et le vendredi, nous dansons pour nous faire du bien et évacuer la pression. Ils me motivent à continuer. La taille de mes assiettes a également changé ! Quelle surprise. Je n’ai plus le besoin de manger en quantité…

C’est bête mais j’ai aussi compris que je pouvais assumer que j’existais. J’ai le droit, non… Je dois prendre soin de moi.

Comment percevez-vous l’avenir ?

C’est important de ne pas abandonner. Ce n’est pas parce j’ai perdu du poids que mes démons ne sont plus là. La chirurgie n’est qu’un « tremplin ». Après, il faut continuer de se battre.

J’aime réaliser des ateliers avec d’autres personnes. Cela me permet de souffler et d’échanger avec d’autres qui vivent des difficultés similaires. Je les considère comme mes compagnons.

 

Publié par Marie Piveteau le 4/03/22

Se redécouvrir pour mieux se tourner vers les autres

Sophy porte des lunettes à écailles à la pointe de la mode, une queue de cheval haute et attend sa retraite en juin prochain. Sa resleeve réalisée en octobre 2020 lui a permis de perdre 26kg. C’est lors d’une journée d’éducation thérapeutique abordant la difficulté de maintenir des bonnes habitudes sur le long terme que j’ai le plaisir de la retrouver. Elle a conscience de l’importance du suivi qu’elle n’a pas eu la chance d’avoir lors de sa précédente intervention. C’est tout naturellement qu’elle a accepté de partager son expérience.

Qu’est ce qui vous a encouragé à réaliser cette intervention ?

Avant mon intervention, je ressentais un mal-être physique et mental. Je ne me sentais pas capable de réaliser une activité physique, d’être coquette, dynamique et même d’être capable de me tourner vers les autres comme j’en avais l’envie. Ma prise de poids m’en empêchait. Aujourd’hui, je m’autorise à être qui je suis.

Comment le suivi avec les professionnels vous a-t-il soutenu? 

Le poids que j’ai pris est d’ordre émotionnel. Pour réussir cette deuxième intervention, j’ai compris qu’il fallait regarder mon passé en face. A l’aide de la psychologue, je me suis posé les bonnes questions et j’ai eu la capacité de me réconcilier avec mon histoire. A ce jour, je sens que mon alimentation s’est « apaisée » et est moins corrélée à mon état émotionnel.

Je suis en contact régulier avec la diététicienne et la kinésithérapeute qui entretiennent ma motivation. Je prends conscience de mes capacités et Estelle (la kinésithérapeute) est toujours là pour nous motiver. Quelque part, ça me porte à continuer.

Je me sens transformée grâce à ma perte de poids, rajeunie. Je ne cours toujours pas car je n’aime pas ça mais je me sens plus apte à marcher, je marche beaucoup et même en talons ! (Rire)

Qu’à changé ce parcours pour vous ? 

Avant mon intervention, j’avais comme un nuage en permanence au-dessus de la tête. Je tiens à dire que la société participe à ce mal-être, je ne trouvais pas ma place. Aujourd’hui, j’appréhende avec plus de sérénité ma retraite en réalisant des sorties culturelles, en me tournant plus vers les autres. Je me sens résiliente, féminine et je m’assume !

 

Publié par Marie Piveteau le 4/03/22

La régularité comme socle de l’apaisement

Ses écouteurs vissés aux oreilles et l’air déterminé, je retrouve Magalie sur son tapis de marche, comme tous les lundis. Le sourire aux lèvres, elle se rend immédiatement disponible pour échanger avec moi quelques minutes. Le regard malicieux, elle m’explique que son bypass du 6 mars 2020 – soit 10 jours avant le premier confinement -, a été une expérience particulière.

Qu’est ce qui vous a encouragée à réaliser cette intervention?

L’obésité a construit ma vie. J’ai grandi avec l’excès de poids et ses contraintes. Je n’ai jamais accepté ce corps qui ne reflétait pas qui j’étais réellement. Pour réaliser ce bypass, j’ai dû me relever d’un échec, celui d’un anneau posé en 2009 sans aucun accompagnement avant l’intervention, et encore moins après. C’est une fois à la maison que l’on découvre ses nouvelles contraintes et que l’on cherche, seule, des solutions et le prix de sa perte de poids. J’ai, à cette époque, perdu 15 kg… que j’ai repris rapidement m’obligeant alors à reconsidérer une nouvelle chirurgie.

Comment le suivi avec les professionnels vous a-t-il soutenu ? 

Ce n’est pas évident d’accepter que l’on ait besoin d’aide pour accomplir son projet de vie. L’équipe (paramédicale) sur place a simplifié ce processus. Avant le bypass, on m’a accompagnée dans un cheminement émotionnel et psychologique pour appréhender au mieux les changements à venir. Les équipes bienveillantes m’ont guidées pas à pas. Dix jours après mon intervention, c’est le grand saut, la France vit son premier confinement et moi, je me sens seule, voire abandonnée. J’ai craint que mon rapport altéré à l’alimentation, en lien avec un mal être, ne me rattrape. C’est peut-être pour ça que depuis, je prends plaisir à revenir à la clinique pour voir l’équipe et d’autres gens qui vivent la même chose.

Qu’est-ce que ce parcours a changé pour vous ?

Tout ! Rendez-vous compte, cet été j’ai fait du rafting, de l’escalade et du parapente avec mes enfants, du parapente… c’est un rêve. Je me suis libérée de quelque chose.  Mes enfants me disent qu’ils me retrouvent. Bien sûr, j’entretiens une attention à mon corps, je suis à l’écoute de ce qu’il me demande. Cela m’évite de vivre des frustrations que j’ai trop connues avec les régimes. Au contraire, aujourd’hui, je suis à la recherche de goûts raffinés, les quantités ne sont plus ma priorité et cela m’apaise. J’accepte ma peau qui n’est pas parfaite, c’est un équilibre et je sais que mon but n’est pas d’être Claudia Schiffer ! (Rire)

Comment percevez-vous l’avenir ?

Ma situation d’obésité est ancrée en moi. Je sais qu’aujourd’hui je ne le suis plus, mais je sais aussi que la reprise de poids est possible et ça me fait peur, donc je n’oublie pas. Je souhaite que ce sentiment me permette de poursuivre mon suivi le plus longtemps possible. Bien sûr, ça ne m’empêche pas de profiter de cette nouvelle confiance en moi qui me permet d’être à l’aise avec mon image, par exemple, j’ai réalisé une photo portrait pour mon travail. Jamais cela n’aurait été possible avant.

 

Publié par Marie Piveteau le 4/03/22

L’expérience de l’autre est une richesse pour soi

C’est dans la salle d’attente de son chirurgien que je croise Sofia. En me saluant, elle m’indique que c’est le rendez-vous des trois mois postopératoire qui l’amène. Elle en profite pour valider son inscription à la journée d’éducation thérapeutique qu’elle avait manquée il y a un mois. D’une voix douce, elle accepte mon invitation pour ce portait. C’est lorsqu’elle s’installe à mon bureau que je remarque que son foulard semble parfaitement assorti à ses yeux gris-bruns.

Qu’est ce qui vous a encouragée à réaliser cette intervention? 

Dans le passé, je n’ai jamais été en surpoids. Je viens d’une famille où on était plutôt maigre. Notre mère nous mettait des bretelles à tous nos pantalons pour ne pas les perdre ! Je ne suis pas certaine de comprendre ma prise de poids car pendant dix ans, j’ai été dans le déni. Les autres le voyaient mais pas moi. En 2013, j’ai réalisé la pose d’un anneau. Une catastrophe ! Sans explication, j’ai pris cette chirurgie pour une baguette magique. C’était pour moi le moyen de manger ce que je voulais et de perdre du poids. Je n’ai évidemment rien perdu. Environ à la même période, j’ai perdu mon emploi. J’ai dû choisir entre le port de mon foulard et mon emploi. Ça été très dur et je l’ai vécu comme une injustice. Je pense que j’ai traversé une dépression qui a participé à mon isolement et à ma reprise de poids.

Comment le suivi avec les professionnels vous soutient-il ?

Ce que j’aime en venant dans le service, c’est l’ambiance chaleureuse et humaine. Avant l’intervention, j’ai eu toutes les réponses à mes questions. Cela m’a aidé à comprendre que vous serez disponibles si j’en avais le besoin et cela a suffi à me rassurer.

Aujourd’hui, ce que je préfère, ce sont les ateliers de groupe en éducation thérapeutique. Les échanges sont géniaux. Le groupe permet de répondre à des questions auxquelles je n’ai pas encore pensé. Et les réponses me sont très précieuses ! Les échanges sont riches, je sens que tout le monde se sent en sécurité pour se livrer, et parfois même sur le plan intime, c’est idéal lorsque l’on n’ose pas poser toutes les questions. C’est comme si mes besoins étaient anticipés.

Comment allez-vous aujourd’hui ?

Tout n’est pas rose, je suis parfois fatiguée, j’ai la sensation de faire des hypoglycémies… Ma peau en a également pris un coup. Je suis plus marquée même au niveau du visage. Pour le reste, je me retrouve. Je n’ai plus le besoin de me cacher dernière des vêtements trop larges. Et puis je m’amuse de mes nouveaux goûts : j’adore les lentilles, les légumes cuits à l’eau et les soupes ! Alors que les viandes ne me font plus du tout envie… Et ça tombe bien, je vais bientôt être grand-mère pour la première fois, alors à la maison il mangera parfaitement !

 

Publié par Marie Piveteau le 4/03/22